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FONGICIDES CÉRÉALES Ventes en recul, hiérarchie en mouvement

Le nombre de passage sur céréales perd logiquement du terrain, pour s’afficher à 1,9 en moyenne en blé contre 2,3 en 2024.

Après une année 2024 touchée par les maladies, la météo de 2025 n’a pas favorisé le développement des champignons. Dans ce contexte, le marché recule de 14 % en valeur. Les triazoles repassent devant dans le classement des matières actives, tandis que l’Inatreq réalise une forte progression, plaçant Corteva quatrième acteur du marché, derrière BASF, Bayer et Syngenta.

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Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Si 2024 a connu une pression maladies très forte et précoce, 2025 a été plus calme. « Les températures élevées au printemps et le manque de précipitations sur la moitié Nord n’ont pas favorisé le développement des champignons, notamment en début de cycle », confirme Bertille Gin, chez BASF. Conséquences : les agriculteurs ont adapté leurs programmes et le marché des fongicides céréales en surfaces déployées recule de 10 % en moyenne, avec 13,8 Mha, contre 15,4 Mha l’an dernier.

« Nous sommes revenus à une pression maladie dans la moyenne décennale », observe Damien Lenglet, chez Syngenta. Toutefois, si la septoriose a été très discrète ou tardive en saison, ce n’est pas le cas de la rouille brune dans le Sud et de la rouille jaune dans l’Ouest et le Nord. Sur orge, les maladies ont aussi été en recul, à part la ramulariose, bien présente depuis deux à trois ans.

Hausse des génériques

En valeur, le marché recule de 14 %, à 325 M€, contre 379 M€ en 2024 (valeur agriculteur avec RPD). Les prix des produits reviennent à des niveaux classiques, et des transferts se font de plus en plus nombreux vers des génériques. La part de marché de ces derniers atteint plus de 27 % en hectares, contre 3 % en 2014.

Le nombre de passages sur céréales perd logiquement du terrain, pour s’afficher à 1,76 en moyenne (1,9 en blé), contre 2,09 en 2024 (2,3 en blé). Le nombre de produits par passage reste stable, à 1,4. Les agriculteurs ont moins traité et moins investi, donc le coût moyen d’un programme sur céréales recule à 58,50 €, contre 70 €/ha en 2024 (64 €/ha) en moyenne pour le blé, soit 19 € pour le T1, 24 € pour le T2 et 21 € pour le T3.

40 % des producteurs ont réalisé un seul traitement sur céréales (36 % en blé, 52 % en orge), 45 % deux traitements (46 % en blé, 58 % en orge) et 15 % trois traitements et plus (19 % en blé). Davantage de céréaliers ont fait un seul traitement cette année.

La pression maladies en début de cycle (autour du stade 2 nœuds) et en fin de cycle (conditions très sèches et chaudes à la floraison) ayant été relativement faible, les traitements T1 et surtout T3 ont été réduits. En blé, le taux de passage en T1 passe de 53 % en 2024 à 40 % cette année (par rapport aux hectares traités). Une valeur déjà observée en 2021 et 2022. Le T2, traitement pivot, est relativement stable, à 95 %, avec toutefois un ajustement des doses à la baisse. Le T3 atteint, lui, 22 %, contre 35 % en 2024. C’est en dessous des années 2021 et 2022. Sur orge, le T1 est passé de 53 % en 2024 à 44 % cette année, et le T2 est stable.

Concernant les matières actives, cette année, les triazoles sont passées juste devant les SDHI en nombre d’hectares. Elles dominent en T1, avec en tête le prothioconazole et le tébucoconazole, associés à d’autres produits la plupart du temps. Viennent ensuite les strobilurines et le fenpicoxamid, qui se développe fortement en T2, principalement au détriment des SDHI. Il est en effet encore exempt de résistances grâce à son mode d’action (Qii) récent. Enfin, loin derrière, arrivent les multi­sites et les produits de biocontrôle. Le folpel s’est bien développé cette année car c’est une des seules solutions qui fonctionnent très bien contre la ramulariose de l’orge. Quant au marché du biocontrôle (soufre, phosphonate, Aquicine duo), il est plutôt stable à 860 000 ha. En part de marché, un léger gain est observé.

BASF leader

BASF redevient leader du marché avec 26,5 % en valeur (+ 1,2 point). En surfaces, il est deuxième (16,7 %). Cette position est liée à la performance des solutions à base de Revysol (triazoles). Bayer voit, lui, sa PDM reculer à 23,5 % en valeur et à 16 % en surfaces, du fait d’une plus faible application de sa solution Prosaro en T3 en absence de maladies. « Le marché du T3 est aussi de plus en plus concurrencé par des génériques », signale Jérôme Métivier. La firme annonce par ailleurs plus de 10 000 hectares protégés en 2025, avec sa nouvelle offre Prediview de protection fongicide pour des blés sains. Elle vise 22 000 ha en 2026.

Syngenta se maintient à la troisième place, avec 18,1 % de PDM en valeur mais est leader en hectares (17,1 %) grâce au développement d’Aquicine Duo en T1. Le nombre d’hectares traités avec ce produit a doublé cette année. La firme est aussi leader en T1 sur les orges avec les associations Unix Max (cyprodinil) et Meltop One (fenpropidine). Sur le T2, elle est à la troisième place (17,1 % en valeur), avec le Solatenol, un SDHI (gamme Elatus).

Corteva se place désormais en quatrième position, avec 10,8 % de part de marché en hectares (7,5 % en 2024) et 14,6 % en valeur (9 %). Cette forte progression s’explique par la belle performance en T2 de l’Inatreq (fenpicoxamid) qui a été appliqué sur 1,43 Mha cette année, contre 1,04 Mha en 2024 (+ 38 %).

Nufarm se maintient à 8 % du marché et reste le leader du tébuconazole solo, son produit Mayandra représentant 50 % de PDM sur ce segment. La firme attend l’homologation d’un nouveau produit associant le prothioconazole à l’azoxystrobine, qui pourra être utilisé à partir de 2027. Viennent ensuite Adama (entre 4 et 5 % de PDM) et De Sangosse (3 %) dont le Pygmalion a réalisé une belle performance cette année (+ 1 point de PDM), avec 300 000 ha traités sur blé. La firme vise plus de 500 000 ha l’an prochain pour sa gamme phosphonates qui s’élargit, avec l’arrivée de Firuza. UPL et Philagro ferment la marche.

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